Les prestataires de santé à domicile, les grands oubliés de la crise COVID-19
Parmi les principaux acteurs en première ligne durant la crise de la COVID-19, on retrouve les prestataires de santé à domicile. Les différents services qu’ils proposent habituellement ont permis d’assurer la continuité de la prise en charge d’un très grand nombre de patients à leur domicile pendant la crise sanitaire. Pourtant on constate qu’ils sont les grands oubliés des différentes mesures prises pour résorber la crise sanitaire. Cet oubli dont ils font l’objet se traduit par leur absence de la communication politique et médiatique en cette période de crise et par le peu de moyens mis à leur disposition pour faire face à la crise.
Les prestataires de santé à domicile sont des organismes qui emploient des intervenants au domicile de particuliers dans le but de leur proposer des services dits « de confort » et des services d’aide et d’accompagnement à domicile pour les personnes vulnérables. Ces dernières années, l’augmentation des soins à domicile, l’amélioration du matériel médical, le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques a entrainé le développement de leur activité. Dans le domaine sanitaire, ils sont un maillon essentiel qui permet la coordination entre les hôpitaux et la médecine de ville.
Mais il faut reconnaitre que les prestataires de santé à domicile sont très marginalisés dans le système de santé à tel point que l’invisibilité de leur métier s’est révélé être un handicap pendant la pandémie. Ils ont dû à chaque fois faire preuve de pédagogie et expliquer qui ils étaient pour espérer bénéficier du statut des personnels de première ligne.
Très peu connus, ils se sont retrouvés tout d’un coup en première ligne et sous les feux de la rampe durant la pandémie car leur activité nécessitait une certaine proximité avec le public bénéficiaire à l’instar des autres acteurs du secteur de la santé qu’on retrouve à l’hôpital ou dans les maisons de repos. Ils connaissent donc les mêmes difficultés comme par exemple l’impossibilité de respecter la distanciation physique et parfois l’impossibilité de mettre en place tous les autres gestes barrières. A ce titre, ils devraient bénéficier du même appui que les personnels hospitaliers et des maisons de repos à travers des dotations en ressources et matériels de protection et des directives claires pour la prise en charge des patients.
Pourtant, force est de constater qu’ils ne sont pas logés à la même enseigne que leurs alter egos du monde hospitalier ou des maisons de repos qui ont très tôt bénéficié de l’appui nécessaire pour faire face à la pandémie. Les prestataires de santé à domicile ont dû attendre beaucoup plus longtemps et surtout ils ont dû composer avec des directives parfois contradictoires des autorités publiques, du matériel insuffisant et la quasi-ignorance des pouvoirs publics.
Les conséquences furent graves et multiples pour toutes les personnes impliquées. On constate par exemple que le manque de matériel et les directives peu claires ou parfois contradictoires pendant cette pandémie ont renforcé la peur et le stress à la fois chez les professionnels à domicile et chez les patients. Il faut reconnaitre qu’il est impossible pour les prestataires de santé à domicile de travailler dans des conditions optimales avec aussi peu de moyens et quasiment pas de garanties de protection pour eux et pour leurs proches surtout face à une pandémie qu’on découvre progressivement. De même, les patients annulent de plus en plus les prestations de peur d’être contaminés par des prestataires mal protégés.
Pour enrayer ces conséquences qui peuvent s’aggraver encore plus, il reviendrait aux gouvernants de diminuer le stress des prestataires de santé à domicile et de rassurer les bénéficiaires en mettant à disposition du matériel adéquat, adapté et en quantité suffisante tout comme dans les services hospitaliers et les maisons de repos.
De plus, les conséquences économiques à moyen et long terme nécessitent d’intégrer équitablement ce secteur au plan de lutte contre la pandémie afin de garantir la survie des organismes après la fin de la crise. Cela passe par un système de subventionnement adapté sur la durée, d’autant plus que le secteur subit continuellement une politique de rabot budgétaire.
De façon plus générale, il est nécessaire d’intégrer les prestataires de santé à domicile dans le plan de lutte contre la COVID-19, sans faire de distinction entre le social et le sanitaire qui sont deux mondes complémentaires qu’on ne peut se permettre d’opposer surtout dans l’optique de sauver des vies et d’améliorer l’ensemble du système de soins. Ils sont un maillon incontournable de la chaîne de l’aide et des soins permettant à leurs bénéficiaires d’avoir une vie digne et de qualité chez eux et permettant de désengorger les hôpitaux.
Amener les prestataires de santé à domicile au centre du débat sanitaire au même titre que les autres acteurs de la santé c’est leur reconnaitre leur rôle fondamental et surtout mettre en place les leviers qui transformeront le domicile en un lieu hospitalier et de fait allégeront la tâche des hôpitaux.
Liens :
https://plus.lesoir.be/290332/article/2020-03-27/le-secteur-de-laide-domicile-le-grand-oublie-de-la-crise-du-coronavirus
https://pro.guidesocial.be/articles/carte-blanche/groupe-deconfinement-les-prestataires-de-sante-a-nouveau-oublies
https://www.essentiel-sante-magazine.fr/sante/travail/les-aides-a-domicile-ces-grandes-oubliees-de-la-crise-sanitaire
https://www.fedepsad.fr/article.php?id=52